Il peut paraître singulier, pour une revue trimestrielle, de vouloir analyser l’actualité politique, alors que celle-ci change au jour le jour. Mais, dans ce débit à jets continus, il est des événements, parfois des détails, qui sont plus importants que d’autres ; il est des actes ou des faits que les historiens retiendront comme ayant marqué un moment, voire même leur...

Le succès européen de l’enquête de Roberto Saviano, Gomorra, sur les ramifications internationales de la Camorra napolitaine, a rappelé combien le phénomène mafieux dépasse largement le Mezzogiorno italien1. Quelque peu négligée depuis la fin des grandes tueries de Palerme au début des années 1990, la mafia ou toute forme de criminalité organisée...

Le but de ce travail est d’examiner l’incidence philosophique de la gravitation quantique sur le concept de temps. Je cherche à montrer qu’elle conduit à une disparition du temps comme dimension et ouvre la voie à une compréhension du temps comme variation et même à l’idée de variation pure. En l’absence de temps mécanique, il est cependant possible de définir un temps d’origine thermodynamique. Je montre en quoi cette dissociation du temps mécanique et du temps thermodynamique, fait écho à l’ambivalence (...) — qui est au cœur de la physique comme de la philosophie — entre le devenir et le temps comme mesure du changement. Enfin, je suggère que la gravité quantique concourt à l’inversion de la définition aristotélicienne du temps. (shrink)

Le but de ce travail est d’examiner l’incidence philosophique de la gravitation quantique sur le concept de temps. Je cherche à montrer qu’elle conduit à une disparition du temps comme dimension et ouvre la voie à une compréhension du temps comme variation et même à l’idée de variation pure. En l’absence de temps mécanique, il est cependant possible de définir un temps d’origine thermodynamique. Je montre en quoi cette dissociation du temps mécanique et du temps thermodynamique, fait écho à l’ambivalence (...) — qui est au cœur de la physique comme de la philosophie — entre le devenir et le temps comme mesure du changement. Enfin, je suggère que la gravité quantique concourt à l’inversion de la définition aristotélicienne du temps. (shrink)

Le voyage en boulet occupe une place importante dans _Durée et Simultanéité_. Les arguments avancés par Bergson – pour conclure à tort à la réciprocité des expériences des jumeaux – ne sont pas sans rappeler ceux de Herbert Dingle dans sa controverse avec McCrea. Les versions épurées du pseudo-paradoxe des jumeaux, avec accélération et sans différence d’âge et celles sans accélération et avec différence d’âge, montrent qu’il n’y a pas de sens à vouloir localiser en un point précis d’une ligne (...) d’univers – en l’occurrence au point de rebroussement – la discordance des âges. Si l’ouvrage de Bergson souffre indéniablement de maladresses et de contre-sens, parfois partagés par les physiciens de son époque, il n’en demeure pas moins notable que les tentatives contemporaines de construction d’une théorie quantique de la gravité sont traversées par d’inédits questionnements sur la nature du temps et résonnent tout particulièrement avec certaines intuitions bergsoniennes. (shrink)

Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’effondrait sous les applaudissements de la communauté mondiale, rêvant d’une « fin de l’histoire », un monde ouvert et sans frontières1. Moins de vingt ans après cet événement, le Congrès des États-Unis d’Amérique votait le 15 décembre 2005 la loi no 6061 autorisant la construction d’un mur long de plus de 1 000 km pour protéger..

Avec l’article 4 de la loi du 23 février 2005 rappelant « le rôle positif de la présence française outre-mer », les pouvoirs publics pourront au moins se flatter d’une chose : jamais depuis de longues années, un texte législatif n’aura suscité autant de débats au sein de la communauté des historiens, d’ordinaire plutôt discrète. Quatre pétitions contradictoires, de multiples tribunes dans la presse, deux missions sinon concurrentes, du moins parallèles, tout cela pour tenter de résoudre une crise lancée par (...) un amendement parlementaire ! (shrink)

Peut-être l’un des mots les plus forts pour résumer les politiques mises en place pour combattre la crise du subprime aura-t-il été celui prêté à l’ancien dirigeant Mikhaël Gorbatchev. Analysant en 2008 cette profusion d’interventions publiques pour sauver des grandes banques en faillite, tandis qu’on laissait les surendettés se faire expulser..

This book begins with Derrida's text, based on a lecture he gave in Montreal and is followed by two texts commenting on it. Derrida gives one of his most precise developments on the notion of 'l'événement' (event), that which comes to disturb the course of history and thus escapes the normal ways of being told and understood. His thought on the topic is crucial for future research on literature as testimony, refering to abnormal conditions of experience whose nature exceeds usual (...) narrative norms. This work is on two components of European culture : French West Indian and Black British literature (memory of slavery) and Spanish literature (civil war and refugees camps). Ce volume prolonge les réflexions du séminaire tenu à Montréal, articulé autour de la question " Dire l'événement, est-ce possible ? ". Les contributions de Gad Soussana ("De l'événement depuis la nuit" suivi de "Arriver") et d'Alexis Nouss ("Parole sans voix") tentent d'en prendre la mesure à partir des problématiques de l'origine et du posthume. Mais l'essentiel, en elles, aura été de susciter la réponse de Jacques Derrida : " Une certaine possibilité impossible de dire l'événement ". Plus qu'une simple rencontre, ce séminaire explicite la présence d'une pensée de l'événement au cœur de l'œuvre littéraire et de l'œuvre philosophique. (shrink)

À chaque décennie, l’anniversaire de Mai 68 apporte son lot de confusion supplémentaire à qui veut tenter de donner un sens à l’événement1. Le quarantième anniversaire ne change rien à la chose, même si Mai, faisant désormais parti du paysage historique et mémoriel, donne naissance à un réexamen historiographique plus conséquent2. Pourtant, à quelques rares exceptions, cette..

Comment évolue depuis quelques années la démocratie en Occident ? C’est au fond à cette question essentielle que sont consacrés les textes proposés ici par la section « Vie politique ». Même si la mort de Ben Laden, en mai dernier, a pu laisser penser que l’Amérique d’Obama avait retrouvé une certaine confiance en elle, le berceau de la démocratie n’en est pas..

Cet ouvrage donne la parole à cinq philosophes marxistes français de renommée internationale - Main Badiou, Étienne Balibar, Jacques Bidet, Michael Löwy, Lucien Sève - qui présentent l'évolution de leur rapport à Marx, à la philosophie et à la politique, depuis les années 1950 jusqu'à aujourd'hui. Dans ces entretiens, chacun à son tour, les auteurs ont répondu aux questions posées par deux philosophes de générations différentes, Alexis Cukier et Isabelle Garo : comment avez-vous rencontré la pensée de Marx, (...) et comment avez-vous commencé à en faire usage? Dans quel contexte théorique et politique, pour répondre à quelle urgence et à quel problème, en rapport avec quels engagements militants? Quelle a été l'évolution de votre conception du communisme et que devraient être une action ou une organisation politique communiste aujourd'hui? Que retenez-vous d'essentiel de la pensée de Marx pour penser la période politique présente? Au fil des réponses à ces questions, les auteurs analysent les rapports entre philosophie et politique, reviennent sur la trajectoire du marxisme en France et abordent la signification du communisme aujourd'hui. L'introduction, complétée d'une bibliographie étendue, présente les coordonnées théoriques et politiques complexes de ces trajectoires singulières, leurs convergences et leurs divergences, qui éclairent le renouvellement en cours de la philosophie marxiste ainsi que de l'engagement communiste."--Page 4 of cover. (shrink)

Cet article a déjà paru dans les Annales Littéraires de l'Université de Franche-Comté N° 16, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2003, p. 59-88 et mis en ligne un première fois sur Semen le 01 mai 2007 ici. Nous remercions chaleureusement Jacques-Philippe Saint-Gérand de nous en avoir autorisé la reproduction [1]. Nom, fiction et diction du rythme… les dictionnaires… Les dictionnaires sont objets de référence ambigus. Outre leur situation définie dans l'espace et le temps des évolutions - XVIIIe siècle (...) – Nouvel article. (shrink)

Cette etude est une lecture, une interpretation feministe de trois romans des Lumieres - Les Illustres Francaises de Challe (la sixieme histoire) (1713), L'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut de Prevost (1731), et Le Diable amoureux de Cazotte (1772) - notamment du theme de la vertu feminine et de ses transgressions, sur le plan sexuel, a une epoque de transformation profonde dans le domaine de l'ethique et des moeurs. Pris au piege entre la tradition et les nouvelles (...) valeurs de la Philosophie, les trois auteurs - dans des recits narres a la premiere personne par des protagonistes masculins - presentent la femme obliquement. Leur approche frappe la lectrice par son essentielle ambiguite. Tout d'abord consideree comme coupable - accusee d'adultere et de perfidie, ou de seduction diabolique - la femme apparait progressivement innocente, et meme sainte, sur l'archetype de Marie-Madeleine, ou tout simplement chimerique, produit de l'imaginaire masculin. Son existence marginale, evoquee par le biais du souvenir, est symptomatique d'une absence effective en tant que sujet autonome.Simple objet, spectrale, a la fois exclue, en fin de compte, du bien et du mal, elle apparait dans l'incertitude, en quete d'une identite, d'un nouveau role et d'une place dans un monde en voie de transformation. (shrink)

1. Le traité du mal -- 2. L'espoir et l'existence -- 3. Apothéose du désespoir.

À partir du XIIIe siècle, le tableau clinique de l'anorexie mentale se présente sous la forme de l'anorexie mystique. L'exemple retenu est Catherine de Sienne († 1380). Une approche de psychanalyse socio-historique permet de situer sa démarche par rapport à ses conflits intrapsychiques et aux processus idéologiques de son époque. L'anorexie mystique apparaît comme liée à l'histoire personnelle de chacune dans sa constellation familiale comme à l'essor de la mystique affective féminine. On la trouve souvent marquée par une révolte personnelle (...) contre les stratégies matrimoniales des familles bourgeoises dans les cités marchandes. (shrink)

À partir du XIIIe siècle, le tableau clinique de l'anorexie mentale se présente sous la forme de l'anorexie mystique. L'exemple retenu est Catherine de Sienne († 1380). Une approche de psychanalyse socio-historique permet de situer sa démarche par rapport à ses conflits intrapsychiques et aux processus idéologiques de son époque. L'anorexie mystique apparaît comme liée à l'histoire personnelle de chacune dans sa constellation familiale comme à l'essor de la mystique affective féminine. On la trouve souvent marquée par une révolte personnelle (...) contre les stratégies matrimoniales des familles bourgeoises dans les cités marchandes. (shrink)

" De quoi demain sera-t-il fait? " interroge Victor Hugo. Un philosophe, une historienne répondent au long d'un dialogue serré, exigeant. Pourquoi ont-ils choisi de faire ce livre ensemble? En raison d'une longue amitié, au nom d'une histoire commune, en vertu de la qualité d'un débat qui n'a jamais cessé entre eux depuis qu'à la fin des années soixante la jeune étudiante découvrit l'importance de ce penseur de quinze ans son aîné qui, avec d'autres, réveillait l'esprit critique de toute une (...) génération. Si les points de vue sont différents, l'héritage intellectuel est commun. Et c'est cet héritage qu'ils s'attachent à inventorier avant de circonscrire des enjeux majeurs de notre temps : comment penser la différence dans l'universel? La famille a-t-elle encore un avenir? La liberté se réduira-t-elle demain pour l'homme à l'intelligibilité des contraintes qui pèsent sur lui, ou le désir et l'imprévisible auront-ils encore leur place? Que nous dit la souffrance des animaux que nous massacrons? La page de la révolution est-elle définitivement tournée après l'échec du communisme? Est-il envisageable d'en finir une fois pour toutes avec la peine de mort? Quelles seront demain les formes nouvelles de l'antisémitisme et comment les combattre? L'échange s'achève sur un éloge de la psychanalyse, référence commune tout au long du dialogue. (shrink)

La compréhension paulinienne de la loi a fait l’objet d’une réception dans la théorie psychanalytique de Jacques Lacan, en particulier le chapitre 7 de l’Épître aux Romains. Sur ce thème, plusieurs travaux récents en psychanalyse défendent la thèse selon laquelle Paul n’a pas su distinguer la loi symbolique du surmoi et, prenant l’un pour l’autre, a organisé tout un monde de la culpabilité, de la haine et de la persécution. Lacan adopte un point de vue assez différent. Sans ignorer (...) la part du surmoi, il attribue une dimension plus structurelle à la loi paulinienne. Dans la compréhension de la loi chez Paul, il voit une dialectique, centrale en psychanalyse, où le désir se porte vers ce qu’il ne doit pas obtenir. De ce fait, l’originalité de Paul est d’avoir indiqué que le péché se découvre paradoxalement sur l’axe d’un Bien et dans le mouvement de la fidélité à la loi. C’est ce que cette contribution met en lumière pour reconsidérer, à partir de là, le sens de l’amour et de la grâce. Paul’s understanding of the Law, especially in chapter 7 of the Epistle to the Romans, was taken into account by Jacques Lacan in his psychoanalytical theory. On this issue, recent studies in psychoanalysis defend a thesis according to which Paul did not distinguish between the symbolic law and the superego and, taking one for the other, organized a whole world of guilt, hatred and persecution. Lacan’s point of view is quite different. Without ignoring the share of the superego, he attributes a more structural role to the Law as understood by Paul. In Paul’s understanding of the Law, Lacan sees a dialectic stance, one central to psychoanalysis, where desire is aimed at what it must not get. Thus, Paul’s originality was to show that sin is paradoxically discovered on the axis of Good, in the movement of faithfulness to the Law. This contribution aims at bringing this to light, so as to reconsider the meaning of Love and of Grace. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Reviewed by:The Cambridge Companion to Greek and Roman PhilosophyBrad InwoodDavid Sedley, editor. The Cambridge Companion to Greek and Roman Philosophy. New York: Cambridge University Press, 2003. Pp. xiv + 396. Cloth, $65.00, Paper, $24.00.Readers of this journal are familiar with the Cambridge Companions. What is striking about this one is its broad sweep. A Companion to all of ancient philosophy will necessarily present the reader with a (...) somewhat shallow overview. Is this really such a good idea? What is its role, when there are already Companions to Early Greek Philosophy, Plato, Aristotle, The Stoics, and Plotinus? The editor answers this by aiming also to provide a "book to accompany survey courses on the history of ancient philosophy." It is challenging to provide an overview of the first millennium and more of Western philosophy, but this pedagogical goal is tougher. David Sedley has managed both tasks well. Although some chapters are not suitable hors d'oeuvres for beginners, all will nourish the hungry and whet the appetite for more. Even those chapters which amount to substantial entrées too rich for novices are excellent meat. There are no reheated leftovers. From beginning to end this is a feast of reason.The book makes abundant use of tables to present large amounts of complex material economically—lists of Plato's dialogues indicate topics, speakers and lengths; Roman philosophers are displayed with biographical notes, school affiliations, and major works; philosophical commentators are given with date and the author and work commented on; nineteen Presocratics are adorned with birthplace, date, key ideas and thumbnail comments. Many of the chapters cultivate an elegant but economical style which must be due in part to editorial encouragement and example. Though it is bound to skip over much, it avoids even the appearance of superficiality. Jill Kraye's chapter on "The legacy of ancient philosophy" to the medieval and modern world is a masterpiece of clarity and compression as well as a superb piece of intellectual history.Kraye's survey concludes the volume. Sedley's substantial introduction begins it by motivating the study of ancient philosophy through two characteristic questions, "What is a good human life?" and "Why isn't the earth falling?" and culminates in a highly informative guide to our various textual sources and a compact demonstration of how they become the editions and translations we use.Jonathan Barnes opens (ch. 1) with a homily on "Argument in ancient philosophy"; splendid stuff, but for all its lucidity, not an ideal appetizer for the survey course students I teach—it's a dessert better served later in the volume. Similarly thematic chapters on "Philosophy and literature" (ch. 8, Martha Nussbaum), "Philosophy and science" (ch. 10, R.J. Hankinson) and "Philosophy and religion" (ch. 11, Glenn Most) set ancient philosophy in broader context. Hankinson splendidly communicates the scientific agenda of the ancient world, perhaps over-emphasizing the mathematical sciences, Galen and scientific epistemology at the cost of "scientific" writers like Strabo, Pliny, and Vitruvius. Nussbaum concentrates on the fourth century B.C. at the expense of later centuries, but gives excellent value on the canonical texts, the Republic and the Poetics. Most's essay explores the interpenetration of religious themes with the philosophical (emphasizing how differently pagan religion interacted with philosophy than does any modern faith) and adds an acute though exaggerated set of observations on the religious quality of the ancient philosophical way of life. It would be hard to locate the saintly sages Most presents as typical in the logical landscape evoked by Barnes.The remaining chapters cover periods and major figures. Malcolm Schofield on the Presocratics (ch. 2), Sarah Broadie on the Sophists and Socrates (ch. 3), Christopher Rowe on Plato (ch. 4), John Cooper on Aristotle (ch. 5), Jacques Brunschwig and David Sedley on Hellenistic philosophy, A.A. Long on Roman (ch. 7), and Frans de Haas on Late ancient philosophy. The authors are all eloquent authorities and it's a menu with no bad choices—though I'm sure my undergraduates will find Cooper's treatment of the figures of Aristotle's syllogisms indigestible. I found Rowe's careful balance of old and new in his introduction to... (shrink)